balade dessinée

Leela et Krishna de Georges et Layla Bess
30 mai, 2010, 11:22
Classé dans : critiques

 

     Leela et Krishna de Georges et Layla Bess dans critiques leelaetkrishna01   z8m5 dans critiques

Le hasard fait bien les choses. On revient, un brin désabusé, et trempé,  d’une marche humide et sans croquis et on choisi de se réfugier chez un libraire d’occasions. Une couverture tape à l’œil. D’emblée, le graphisme séduit. Pour le récit,  on verra plus tard et , hop ! C’est dans la poche.

Je connais mal Georges Bess. Les deux premiers tomes de son Lama blanc m’avait séduit puis j’avais trouvé que le scénario de Jodorowsky s’épuisait. Co-écrit avec son épouse ( et les mettant tous deux en scène ) Leela et Krishna, publié en  l’an 2000,   s’apparente à ce que l’on pourrait appeler – un peu pompeusement  ( faites excuse ! ) -   une œuvre ‘’ totale ‘ où humour, poésie,  tragédie, mysticisme se mêlent à la manière d’un conte,  léger et profond.

Ce registre de la fable offre aux auteurs une grande liberté graphique et narrative.  Le scénario  est inventif : un couple marche sur une plage, en Inde. Georges raconte l’ histoire qu’il veut dessiner à sa compagne qui réagit, critique, amende les propos de son mari. Le récit avance, s’interrompt, repart,  jouant habilement la partition d’une bd en train de se faire.

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Krichna, un fabuleux musicien,  aime Leela, une magnifique danseuse,  qui l’ignore froidement.  Désespéré  il vient implorer l’aide  d’un sorcier  qui , au prix de 20 ans de sa vie et de la perte de son œil droit,  accède à sa demande : Leela l’aime enfin. Heureuse, leur union se révèle stérile et Krichna retourne voir le sorcier qui exige un tribut plus lourd encore : son autre œil, son ouïe et la perte de leurs talents respectifs. Il accepte et  Leela est enceinte mais elle  met au monde un enfant monstrueux,  détenteur de pouvoirs extraordinaires. On en dira pas plus de cette fable toute jodorowskienne , qui se conclue en un final mystique  , sans être obscur.

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            Il est lassant d’avoir à écrire d’un auteur qu’il ‘’ maitrise ‘’ son trait et l’on voudrait trouver des mots plus justes pour qualifier la grande maturité d’un dessinateur. Il serait tentant de réduite Bess à un épigone de Moebius ( on pense aussi  à Boucq ) , même s’il est des références moins estimables. Bess appartient à cette école de la fulgurance graphique où personnages, attitudes, proportions, paysages sont rendus à la perfection, dans un noir et blanc parfaitement dominé,  mais,  par son sens de la composition, il se révèle un dessinateur très personnel.

     Les auteurs ont semblé avoir une grande liberté par rapport aux contraintes éditoriales. Le format inhabituel de l’album, plutôt large, permet des mises en page ambitieuses, loin de tout cadre formel.  Bess se contente souvent d’une, deux ou trois images par page , déployant  tout l’art de sa plume. Il a visiblement pris son pied à illustrer ce récit. De même, en deux tomes et sur 230 pages , l’histoire à le temps de se déployer.

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Bref, j’ai eu beaucoup de plaisir à lire cette bande dessinée et je remercie les giboulées de printemps. Je m’étonne d’être passé à coté de ce récit au moment de sa sortie. Peut être l’éditeur – Carabas – était – il trop confidentiel ? En attendant je ne saurai trop recommander la ( re ) découverte de ce bel ouvrage. 

ici : Son site 


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