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Lorsque j’ai fini le livre de Joann Sfar et que l’ami qui me faisait face m’a demandé comment je l’avais trouvé, je n’ai pas su répondre autre chose que » merveilleux » car il y de l’enchantement à lire ce pavé de 800 pages, en vérité irracontable, fait d’une succession de moments, pris sur le vif , et cette succession les rend intelligible. Foisonnant, multiple, jubilatoire , intelligent, joyeux … on ne sait quel mot choisir pour le décrire.
En dessinant et racontant une partie de son existence, Joann Sfar a pris date dans le genre autobiographique. L’auteur déborde d’une imagination fertile et d’une puissance créatrice hors du commun . Assistant à un concert manouche à Paris, il noircit 20 pages de ses croquis, la musique guidant son crayon : on s’y croirait. Tout est pour lui occasion de dessiner, et écrire. D’un regard vif et l’ oeil aux aguets , Sfar va à la rencontre, de lui – même, des amis, des anonymes. Les amis ( ses potes Satouf, Guibert, Trondheim, CharLélie Couture, et j’en oublie … ) ses maîtres ( Dubois, Baudoin ) des auteurs ( Posy Simmonds, Spigelmann, Chabrol … ), sa famille ( Ah le petit Raoul ! … ), ses réflexions – sur le fait d’être juif en France notamment – ses voyages, la musique : tout ici n’est qu’énergie puisée dans la rencontre.
Ah comme le dessin semble simple sous la plume de Sfar où quelques traits esquissés dessinent une expression, un sentiment. Sa plume est pleine de fraicheur, de dynamisme, elle passe du petit vampire aux autoportraits , de la caricature aux paysages avec dextérité.
Sfar a besoin de poser le monde par le dessin pour lui donner du relief. Ses carnets sont à la fois laboratoire de styles, d’envies, et autobiographie en forme de création : se trouver par la création. Le livre est aussi marqueur d’un histoire , celle de la bd des années 2000, d’une génération d’amis. L’on ressort de cette lecture grandie et optimiste car il en appelle à ce qu’il y a de plus positif en nous . Et je jubile : il me reste encore beaucoup de ces carnets à me mettre sous la dent .
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