Classé dans : Récit
Librement inspiré d’un texte de R.
Je dois avoir quatre ou cinq ans. Je suis sur la balançoire du jardin. Ma famille habite alors au Zaïre. Nous ne parlons pas de jardin mais de parcelle. C’est un petit morceau de terre étrangère qui nous est prêté par la société minière pour laquelle travaille mon père.
Ma balançoire n’est pas ordinaire, elle est tout en métal peint d’une couleur crème. Ni corde, ni chaîne, juste deux tiges rigides pour la maintenir. C’est bien plus pratique pour se mettre debout sur l’assise.
J’ai longtemps cru que c’était le modèle standard de balançoire et j’ai attendu toute ma vie d’en revoir une comme ça, en vain. Ma balançoire était unique, mais ce matin-là je ne le savais pas encore.
Je suis sur ma balançoire, à quelques pas les poules colonisent prudemment le territoire qui est pourtant le leur.
Quelque part dans les cimes chante l’oiseau du matin dont je n’ai jamais su le nom. COU-COU (courte pause) COULOUCOUCOU.
Fait rare, je me suis réveillée avant mes parents – peut-être sont-ils sortis la veille ? – et me voilà seule dans la parcelle, debout sur ma balançoire.
Ce dimanche matin est serein. Je n’ai pas la moindre crainte. Je sais que mes parents sont dans la maison. Ma mère veille avec efficacité sur son territoire.
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En haut de la pyramide il y a mon père et la certitude que nous avons qu’il s’interposera toujours entre les coups du sort et nous.
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Combien de fois cette scène s’est-elle produite ? Tous les dimanches ? Ou plutôt un seul dimanche idéal ? Une sorte d’épiphanie dupliquée à l’infini par ma mémoire.
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2 commentaires
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Merci!
Commentaire by Blanche de Namur 12.28.13 @ 23:43C’est un joli texte, merci à toi de m’avoir donné l’occasion de l’illustrer.
Commentaire by nantua 12.30.13 @ 13:50