Classé dans : journal
- Et toi ? Qu’est ce que tu as ressenti ?
- Rien, ça ne me parle pas, ça ne me dit rien. Quelque chose me gêne, c’est tout.
- Moi je me sens en deuil, on m’a volé des amis.
- « Je suis Charlie » , jusqu’où ? Jusqu’où ça me touche ?
- C’est violent, c’est cru, on bascule dans autre chose.
- Dans autre chose vraiment ? Rien ne change : ça fonctionne. C’est la même routine, c’est désespérant. ça interroge.
- Qu’est ce qu’il y a qui ne va pas ?
- Moi je me sens mal. Comment on peut avoir confiance en l’autre désormais ? On m’invite à avoir peur. ça me dérange.
- Et comment on fait pour vivre ainsi ? Si c’est la frousse qui commande, alors c’est mal barré. Est ce que je dois me méfier d’elle ?
- Ou de lui ?
- J’ai pas peur, c’est ce que voudraient les assassins , mais je suis en colère. J’en ai marre des cons, j’en ai marre de la connerie humaine.
- On veut nous diviser, ça sent mauvais. Faut être orgueilleux, faut rien céder.
- Il paraît que les crises sont salutaires, peut être que de cette tambouille sortira du bon ? Peut être qu’on donnera les bonnes réponses ?
- C’est mal barré. On a tout eu, tout ce qui était le plus prévisible, le mieux balisé, le plus facile.
- Des phrases creuses, des unanimités feintes, des réponses médiatiques.
- Qu’est ce que tu vas faire ?
- Dessiner, peut être, si j’y arrive. Et toi ?
- Relire tout Cabu et Wolinski.
- J’en ai même pas dans ma bibliothèque.
- Marre de cette histoire, marre d’en parler, marre d’y penser, envie de cocooner, rester chez soi.
- Je comate devant « six feet under » , hasard de la programmation.
2 février, 23 heures, dialogue :
- « Rien n’a aucun sens, c’est ça qu’il faut comprendre ? »
- « Ne sors pas ces conneries existentialistes. J’attends mieux de toi. L’essentiel est juste devant toi. »
- « Désolé , je ne vois rien »
- « Tu n’es même pas reconnaissant n’est ce pas ? »
- « Reconnaissant ? Pour la plus affreuse expérience de ma vie ? »
- « Tu t’accroches à ta douleur comme si elle voulait dire quelque chose. je veux te dire : elle ne vaut rien, oublie. Les possibilités sont infinies et il ne fait que gémir ! »
- « Que dois je faire ? »
- « A ton avis ? Tu peux faire tout ce que tu veux veinard. Tu es vivant. Qu’importe un peu de douleur par rapport à ça ? »
- « ça ne peut pas être aussi simple »
- « Et si ça l’était ? »
- Et si ça l’était ?
- Si ça l’était, alors on peut continuer à acheter Charlie.
- Et puis le lire.
- Et puis passer à autre chose.
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