balade dessinée

Les corneilles et le héron
21 août, 2018, 10:16
Classé dans : journal

 

J’ai toujours détesté les corneilles. A chaque fois que je les croise ou que j’entends leur chant guttural ça me fait froid dans le dos. Je n’aime pas ces bestioles.

corneille

 

Je me souviens avoir vu l’une d’elle se précipiter sur un moineau, dans la cour de mon immeuble,  et l’attaquer mortellement au cou  avant que je ne puisse intervenir.

 

corneille et moineau

 

Cet oiseau est comme l’antithèse de la grâce que l’on peut accorder habituellement  à ses congénères : un chant léger, un plumage coloré, sa capacité à voler, son innocence. Ils sont lugubres perchés sur leur branche.

 

corneilles dans les arbres

 

 

A l’inverse il m’arrive parfois de rencontrer, lors de mes promenades aux bords de l’Erdre, un héron – s’agit-il toujours du même ?

 

le long du tram

 

 

A force de le croiser j’ai fini par penser qu’il fut mon ami. Une sorte d’âme bienveillante qui s’invite de temps en temps, une rencontre gaie et souriante.  Il a fier allure ce volatile perché sur son bateau, et si peu farouche.

 

héron

 

Et les journées s’en trouvent comme confortées dans l’étonnement de cette rencontre. On garde longtemps le sourire aux lèvres dans les heures qui suivent.

 

s'asseoir

 

 

Il me semble parfois que l’existence – la mienne en tout cas – balance trop souvent entre la corneille et le héron.

 

ciel oiseaux

 

Parfois c’est la corneille qui parle. C’est le triste, l’inquiet. la tendance névrotique à faire parler ses échecs, à refaire les mêmes erreurs, à les réalimenter sans cesse dans une vision circulaire et morose.

 

ciel.gris

 

ça peut s’appeler autrement : Manque de confiance , peur d’essayer, de rater, de réussir, d’être heureux, trop heureux, malheureux. Tous ces fils invisibles sont des parasites qui nous empêchent de vivre pleinement, en conscience.

 

corneille

 

Heureusement il y a le héron. La capacité à se faire surprendre chaque jour par des rencontres, en saisir le bon, s’en émouvoir gentiment.. Savoir vivre l’instant, sans se raconter d’histoires, être curieux ,calme,  lé-ger.

vol léger

 

 

 

ça s’appelle simplement la joie, et la joie c’est de l’amour :  l’amour des gens, d’un homme, d’une femme, la nuit, le jour, l’amour du bon vin, des promenades au bord de l’eau, d’une musique, des voyages, d’un concert, d’un ami, d’une amie, d’un paysage, d’un beau ciel rougeoyant.

 

 

une.belle.personneheureuxsam.concertroverplanerpianistetrain

 

Curieusement alors que la tristesse est monolithique la joie est plurielle, plus riche en vérité, et bien plus féconde.

 

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Bien sûr, c’est un chemin difficile, mais c’est le seul.

 

yoga.

 


Voilà, c’est encore l’été. Les nuits sont chaudes, les femmes sont belles,  les gens sourient, et moi j’avais juste envie de me redire ça, tant que j’en suis capable.

 

fête

 

C’était en Irlande, la veille de mon retour pour la France.  Cre-vé, couché tard avec le festival de musique irlandaise le soir précédent et les bières qui vont bien. Petite nuit.

retour bus

 

Je me suis trompé de bus et me suis fait arrêté en urgence le long d’une nationale.

 

bus

 

J’ai voulu traverser la route. J’ai oublié qu’en Irlande on roulait à gauche et j’ai regardé dans la mauvaise direction.

traverser

 

 

Absorbé dans mes pensées j’ai rien vu, rien entendu. Une voiture est passée à 80 km à l’heure et m’a frôlé à 25 ou 30  centimètres près. Je sais pas.

 

accident

 

J’étais sonné.

 

halluciné

 

Qu’est ce qui s’était passé exactement ? Est ce que ça avait eu lieu ?  ça tient à quoi ?  Une bière en trop ? Une courte nuit ? Un esprit qui n’est pas à ce qu’il fait ?

 

fil électrique

 

Pendant les deux jours qui ont suivi je suis resté chez moi. J’ai mis du temps à atterrir.

 

planer

 

Je me suis souvenu de cette conversation que j’avais eu avec un ami quelques semaines auparavant.

 

restaurant

 

 

« A mon âge on a plus  le temps de se faire chier avec des connards, des embrouilles, des personnes tristes ou toxiques On fait le tri. »

 

restaurant

 

 

« C’est con à dire mais maintenant je vais du côté des vivants. »

 

jb

 

Du côté des vivants, c’est par là, à trente centimètres.

 

marcher le long de l'erdre

 

 

Il a dit du côté du vivant ou des vivants. Je m’en souviens plus.

 

marcher au bord de l'erdre

 

 

marcher

 

 

 

héron

 

 

 


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