Classé dans : L'écho du ciel
Ce jour d’April 756, l’Echo du ciel survolait la mer d’Arasse. Le vaisseau était libre de tout passager et rentrait à son port d’attache après une longue mission.
Le voyage se passait bien : la vitesse de croisière était de 80 kilomols ,la température de 70 gredés, le vent à charge portante de 120 millitibares. Des conditions optimales.
Pourtant le front du capitaine était barré de rides graves, dissimulant mal des pensées soucieuses, inhabituelles chez le vieil homme.
Comme si ses pensées prenaient forme, ses traits s’animent en un instant et son regard est saisi de surprise.
Devant lui un phénomène stupéfiant se produit : une coulée noire surgit du ciel et rejoint l’océan en un éclair.
Suspendue un temps entre ciel et mer, la colonne s’écrase enfin sur les flots, envahissant l’espace alentour de noires ténèbres.
Une barrière.
Le Capitaine sait qu’on ne sait rien sur ce nuage. Tout le monde le craint car personne n’en est jamais revenu. Le célèbre pilote John Ranquedal se targua d’être le 1er à le défier. Il reste de lui une photo.
John Ranquedal, peu avant sa tentative de traversée du nuage noir.
Et une veuve inconsolable.
Josephine Ranquedal lors de la surprise party organisée par le comte strodof en hommage au disparu.
D’où venait – il ? Que cachait-il ? Pourquoi disparaissait il pendant des siècles pour réapparaître subitement sans s’annoncer ? Les savants les plus éminents ne pouvaient qu’avouer leur impuissance .
Le professeur Van Doonguen avait bien tenté, un temps, d’en comprendre les mécanismes , mais sa reconstitution du phénomène, présentée à l’académie des sciences de Versaugue ne rencontra que des moues dubitatives, voire une certaine hostilité.
A raison semble-t-il .
Mais tous, savants ou ignorants, étaient saisis d’effroi devant le souvenir ancien de la destruction de Fort Brune en 389 post Kim Wilde, telle que la narrait la chronique de Remy l’ancien .
Le nuage noir. Il était là, devant lui. Pourtant le navire ne dévie pas de sa route et, au contraire, oblique résolument vers la source inquiétante.
Au fond de la cabine de pilotage un jeune homme, tapi dans l’ombre, observe la manœuvre avec inquiétude.
Et bondit :
- Par pitié capitaine ne commettez pas l’irréparable, nous pouvons encore faire demi-tour !
-Les dés sont jetés petit, le nuage avance vite, trop vite. Il est rapide, étonnamment rapide. Le fuir n’a aucun sens. Je ne fais pas de bon ou de mauvais choix, je fais la seule chose à faire : avancer.
Le nuage est un mystère, certes, mais ne faisons pas parler notre peur, ou alors c’est nous qui nous perdrons. Nous verrons bien, une fois à l’intérieur, à quoi nous en tenir. Tout ira bien petit, tout ira bien.
Le jeune homme ne peut s’empêcher de sourire en entendant les paroles du capitaine. Il se souvient de sa rencontre avec lui et de cette phrase, toujours la même :
Tout ira bien petit … tout ira bien.
« Petit », c’était Julien, dans l’état-civil. « Jul » pour les intimes. Un habitué des quais dès son plus jeune âge.
LA ciTé méCano de Worluf était, à cette époque, le centre de maintenance de la plupart des vaisseaux qui circulaient sur le continent ouest.
Jul était orphelin et traînait dans les abords de la ville haute où il vivait de petits boulots
Mais il commençait à se lasser de cette vie précaire et aspirait à une autre destinée.
Pour certains la première rencontre avec un ami se fait par un sourire, un échange de regards, une plaisanterie … Pour Jul, elle prit la forme de deux mains puissantes et impératives.
Pour quelle raison le capitaine prit-il sous son aile ce juvénile travailleur ? Nul ne le sait.
Mais il se passa assurément quelque chose entre ces deux-là.
Tout dans cet homme plaisait à Jul : sa jovialité, sa légèreté, son goût pour l’autre, et le vieil homme voyait sans doute en lui une part de sa jeunesse insouciante.
Jul fut engagé tout de suite comme « mousse » et au soir naissant il savait que son destin s’était ouvert à tous les possibles…
Et le possible ressemblait ce jour là à des volutes menaçantes .
Et soudain, le noir.
à suivre ….
3 commentaires
Laisser un commentaire
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.
Incroyable… Merci mon ami. J’en suis toute émue. Bravo! La suite! La suite!
Commentaire by Roulé 10.15.20 @ 15:33J’adore !!!
Commentaire by Gaël 11.03.20 @ 20:13Y a plus qu’à nous faire une suite.
Superbe !
Merci merci les amis
Commentaire by nantua 12.09.20 @ 22:49